La force du silence

Parfois, savoir se taire peut beaucoup vous aider…

Vous en doutez? Lisez ce qui suit!(extrait du livre de Françoise Giroud « Si je mens »)

Tout se passe en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale…

Quand Chamberlain ( homme politique britannique, membre du Parti conservateur et Premier ministre du Royaume-Uni de mai 1937 à mai 1940) a compris qu’il n’était pas le Premier ministre capable d’être le chef de l’Angleterre en guerre, il a choisi lui-même son successeur, comme c’était alors la tradition au sein du parti conservateur anglais. Et il a désigné Lord Halifax.

Pour donner le maximum d’atouts au gouvernement, il a souhaité que Churchill fasse partie du cabinet. Il l’a convoqué et lui a dit « Halifax est le meilleur, mais nous avons besoin de vous. Acceptez-vous d’être le numéro deux ? »
Churchill, par patriotisme et par devoir a dit oui.

Quelques heures après, un homme qui avait un peu de génie, Lord Beaverbrook, le magnat de la presse anglaise, demande à Churchill de le recevoir d’urgence et lui dit « Il paraît que vous avez accepté que Halifax soit Premier ministre ? Ce n’est pas possible ! Il n’y a que vous qui pouvez mobiliser la Grande-Bretagne ! »
Churchill répond que c’est une affaire d’état, et qu’il n’en discutera pas avec lui. Beaverbrook insiste, mais Churchill reste intraitable.

Alors, Beaverbrook dit « Je vous demande une seule chose. Quand vous serez convoqué par Chamberlain avec Halifax et qu’il vous demandera de confirmer votre acceptation, restez silencieux trois minutes. Trois vraies minutes. Cent quatre-vingts secondes. Avant de dire oui. Au nom de l’Angleterre, je vous le demande. »

Churchill trouve cela saugrenu, mais il a de l’amitié et de l’estime pour Beaverbrook. Il promet.
Le lendemain, Churchill et Halifax sont dans le bureau de Chamberlain. Et Chamberlain dit « Voulez-vous, je vous prie, confirmer à Lord Halifax que vous acceptez d’entrer dans son cabinet ?… »
Et Churchill se tait. Une minute. Il se tait. Une minute et demie, il se tait. Avant que les trois minutes se soient écoulées, Lord Halifax disait « Je crois que c’est Winston Churchill qui doit être Premier ministre. »